Livre Bleu Diplomatique 2022
2 Perspectives de la diplomatie japonaise
Alors que la communauté internationale doit faire face à des mutations et des défis historiques, le Japon doit promouvoir une diplomatie lui permettant d’atteindre ses propres objectifs en coopération avec les autres pays et territoires.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon a toujours suivi la voie d’une nation pacifiste, contribuant à la paix et à la stabilité en Asie-Pacifique comme dans le reste du monde. Le Japon a fourni aux pays en développement une aide publique au développement fondée sur le principe de la sécurité humaine et s’est attaqué aux problèmes mondiaux, notamment la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) (Note 2), en initiant l’élaboration de règles internationales et en soutenant le renforcement des capacités des pays en développement. Le Japon a également contribué au désarmement et à la non-prolifération nucléaires, ainsi qu’aux efforts internationaux en faveur de la consolidation de la paix. La « confiance » internationale que le Japon a gagné par ses efforts constitue le fondement de la diplomatie japonaise d’aujourd’hui.
L’actuelle agression russe contre l’Ukraine menace les fondements mêmes de l’ordre mondial que la communauté internationale a construit au prix d’un travail de longue haleine et de nombreux sacrifices. Selon l’évolution de la situation, le Japon comme le monde entier pourraient être confrontés à la plus grande crise de l’après-guerre. On ne peut donc tolérer de telles actions unilatérales pour changer le statu quo par la force, et ce dans quelque région que ce soit. Les choix et les actions du Japon et du reste de la communauté internationale détermineront les tendances futures pour l’ordre international.
Dans sa politique fondamentale, le Gouvernement KISHIDA a déclaré que, sur la base de cette « confiance », le Japon déploierait une politique diplomatique et sécuritaire avec la détermination de (i) sauvegarder les valeurs universelles que sont la liberté, la démocratie, les droits de l’Homme et l’État de droit, (ii) de préserver l’espace terrestre, maritime et aérien du Japon ainsi que la vie et les biens de ses habitants, (iii) de contribuer au bien de l’humanité et d’occuper un rôle de premier plan au sein de la communauté internationale en relevant les défis globaux tels que le désarmement nucléaire et la non-prolifération nucléaires ou le changement climatique. Par cette « triple résolution », le Japon inaugurera de nouvelles frontières diplomatiques en montrant un haut degrés de réactivité et un engagement constant et indéfectible dans un contexte international de plus en plus tendu et complexe. Le Japon renforcera sa cohésion avec les partenaires partageant les mêmes valeurs universelles et jouera un rôle de premier plan dans les initiatives internationales pour lutter contre les tentatives de changement unilatéral du statu quo par la force.
- Note 2 SDGs: Sustainable Development Goals
(1) Réagir à un environnement sécuritaire de plus en plus tendu
L’alliance nippo-américaine constitue l’axe central de la diplomatie et de la sécurité nationale japonaises, et joue un rôle important dans le maintien de la paix et de la prospérité au niveau régional et international. Alors que l’environnement sécuritaire régional devient de plus en plus tendu et incertain, l’alliance nippo-américaine est devenue plus importante que jamais.
Depuis l’investiture de l’administration BIDEN en janvier jusqu’à la fin février 2022, le Japon et les États-Unis ont organisé huit rencontres au sommet (dont trois entretiens téléphoniques et une visioconférence), quinze réunions des ministres des Affaires étrangères (dont neuf entretiens téléphoniques) et deux réunions « 2+2 » (dont une au format virtuel). Les échanges politiques de haut niveau se poursuivent donc à une fréquence régulière et l’alliance nippo-américaine est plus solide que jamais. Parallèlement à un renforcement supplémentaire des capacités de dissuasion et de réaction de l’alliance nippo-américaine, le Japon développera une coopération et une collaboration étroites avec les États-Unis, sur la base des solides relations de confiance entre les deux pays, sur des questions telles que le maintien de la paix et de la sécurité du Japon, la réalisation d’un « Indopacifique libre et ouvert (Note 3) » ou encore la lutte contre la COVID-19 et le changement climatique.
Dans ce contexte, concernant le redéploiement des forces armées américaines stationnées au Japon, à commencer par la relocalisation de la base aérienne de Futenma sur le site de Henoko, le Japon et les États-Unis maintiendront à l’avenir une collaboration étroite pour réduire la charge imposée aux communautés locales, notamment à Okinawa, tout en préservant les capacités de dissuasion des forces américaines au Japon.
Afin de faire face à un environnement sécuritaire tendu autour du Japon, il devra également renforcer de manière drastique ses propres capacités de défense. Il est donc important de réviser la Stratégie de sécurité nationale, les Lignes directrices du programme de défense nationale et le Programme de défense à moyen terme.
- Note 3 FOIP: Free and Open Indo-Pacific
(2) La promotion d’un « Indopacifique libre et ouvert »
Représentant plus de la moitié de la population mondiale, l’espace indopacifique constitue le cœur de l’activité mondiale, tout en étant le théâtre de complexes rivalités de « puissances » entre les différents pays, ainsi que de brusques modifications dans les rapports de force. Il est important de réaliser dans cette région un ordre libre, ouvert et fondé sur l’État de droit et d’assurer la paix et la prospérité à l’échelle régionale comme internationale.
Dans cette perspective, le Japon soutient de manière stratégique les initiatives destinées à réaliser un « Indopacifique libre et ouvert » fondé sur l’État de droit, en partenariat avec les pays partageant la mêmes positions. Cette vision, qui est désormais partagée notamment par les États-Unis, l’Australie, l’Inde, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’UE et les nations européennes, bénéficie également au sein de la communauté internationale d’un large soutien avec le développement de nombreuses consultations et coopérations. En Prévision de l’ère post-COVID-19, la signification et l’importance de cette vision ne cessent de se renforcer et le Japon saisira l’occasion fournie par les différentes rencontres bilatérales et multilatérales, y compris les celles du QUAD (Australie, États-Unis, Japon et Inde), pour promouvoir davantage les initiatives visant à la concrétiser.
(3) Les relations avec les pays voisins et autres pays
La paix et la prospérité du Japon passent impérativement par l’établissement de relations stables avec ses voisins.
<La Chine>
Il existe plusieurs sujets de préoccupation en suspens entre le Japon et la Chine, deux pays voisins. Toute tentative unilatérale de modifier le statu quo en mer de Chine orientale, y compris dans les eaux autour des îles Senkaku, est absolument inacceptable, et le Japon adoptera une approche sereine et déterminée de la situation.
Dans le même temps, les relations sino-japonaises sont importantes non seulement pour les deux pays, mais également pour la paix et la prospérité de la région et de la communauté internationale. Il est important de construire des « relations sino-japonaises constructives et stables » à travers les efforts des deux pays pour une coopération sur diverses questions communes, tandis que le Japon continue d’insister sur ce sur quoi il faut insister et d’exhorter la Chine à agir de manière responsable.
<La Corée du Sud>
La Corée du Sud est une voisine importante du Japon, et une coopération bilatérale (Japon - Corée du Sud) voire trilatérale (Japon - États-Unis - Corée du Sud) est essentielle à la stabilité de la région, notamment concernant la question de la Corée du Nord. Les relations entre le Japon et la Corée du Sud sont extrêmement tendues notamment du fait de la question des anciens travailleurs civils originaires de la péninsule coréenne et de la question des femmes de réconfort, mais cette situation ne peut pas rester en l’état. Le respect des promesses entre pays est le fondement des relations entre États. Afin de rétablir des relations saines entre le Japon et la Corée du Sud, le gouvernement japonais demandera instamment au gouvernement sud-coréen de prendre les mesures appropriées sur la base de la position constante du Japon. En outre, au regard des faits historiques et du droit international, Takeshima fait indubitablement partie intégrante du territoire japonais, et le Japon répondra avec détermination sur la base de cette position fondamentale.
<La Russie>
L’agression de l’Ukraine par la Russie en février 2022 remet en cause le principe fondamental de la communauté internationale selon lequel aucun changement unilatéral du statu quo par la force n’est acceptable, et menace l’ordre mondial de l’après-guerre froide. Le Japon, pour sa part, s’unira à la communauté internationale, y compris au G7, pour exiger que la Russie retire ses troupes et cesse toute violation du droit international, et pour signifier, par la mise en œuvre de sanctions en coordination avec d’autres pays, que les actions de la Russie se paieront au prix fort.
La question des Territoires du Nord est la plus grande problématique des relations entre le Japon et la Russie. Plus de 75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la question n’est toujours pas résolue. Le gouvernement japonais entend ne rien changer à la position du Japon sur la question des Territoires du Nord et à son intention de répondre aux souhaits des anciens résidents âgés des îles. Toutefois, dans les circonstances actuelles de l’agression de l’Ukraine par la Russie, ce n’est pas le moment pour le Japon de parler des perspectives de négociation du traité de paix. Tout d’abord, le Japon demande instamment à la Russie de prendre au sérieux la condamnation de la communauté internationale, de retirer immédiatement ses troupes et de respecter le droit international.
<Les réponses aux diverses problématiques liées à la Corée du Nord>
En ce qui concerne les relations entre le Japon et la Corée du Nord, en vertu de la Déclaration de Pyongyang, le Japon cherche à résoudre de manière globale les questions restées en suspens telles qu’enlèvements, programme nucléaire et missiles balistiques, solder l’héritage historique malheureux et normaliser les relations diplomatiques. Le Japon continuera de collaborer étroitement avec les États-Unis et la Corée du Sud ainsi que le reste de la communauté internationale afin de procéder à la stricte application des résolutions afférentes du Conseil de sécurité des Nations unies et de réaliser la dénucléarisation totale de la Corée du Nord.
En outre, les enlèvements de citoyens japonais par la Corée du Nord constituent un grave problème touchant à la souveraineté du Japon, à l’existence et à la sécurité de ses ressortissants, de même qu’un enjeu commun à l’ensemble de la communauté internationale, ces enlèvements constituant une violation des droits de l’Homme fondamentaux. Le Japon a fait de la résolution de la question des enlèvements sa priorité absolue et il continuera d’œuvrer étroitement avec les États-Unis et les autres pays concernés pour y parvenir. Il fera également tout son possible pour que toutes les personnes enlevées puissent rentrer le plus tôt possible au Japon.
(4) Les défis de la diplomatie régionale
Le renforcement des relations avec l’ASEAN, qui est située au cœur de la région indopacifique et constitue la clé de voûte pour la réalisation d’un « espace Indopacifique libre et ouvert », est important pour la stabilité et la prospérité de la région dans son ensemble. En 2023, l’année du 50e anniversaire de l’amitié et de la coopération entre le Japon et l’ASEAN, le Japon encouragera une coopération concrète qui contribue à la réalisation d’un « espace Indopacifique libre et ouvert » et des « Perspectives de l’ASEAN pour l’Indopacifique (Note2) », qui partagent des principes essentiels, afin de hisser les relations ASEAN-Japon à de nouveaux sommets. En ce qui concerne la situation au Myanmar, le Japon œuvrera également pour trouver des solutions et débloquer la situation en coopération avec la communauté internationale.
S’agissant de l’Asie du Sud-Ouest, 2022 sera l’année des échanges entre le Japon et l’Asie du Sud-Ouest. Au cours de cette année charnière, le Japon approfondira encore les échanges avec les pays d’Asie du Sud-Ouest, qui sont des partenaires importants dans la réalisation d’un « espace Indopacifique libre et ouvert », par le biais de visites de dignitaires et de divers événements des secteurs public et privé.
Les relations interétatiques au Moyen-Orient ont considérablement changé ces dernières années, et la paix et la stabilité dans la région sont devenues de plus en plus importantes pour la paix et la prospérité de la communauté internationale. En outre, le Japon dépend du Moyen-Orient pour environ 90 % de ses importations de pétrole brut, et il est extrêmement important de garantir la stabilité dans cette région, qui détient les principales ressources énergétiques mondiales, et d’assurer la sécurité de la navigation. Le Japon continuera de contribuer par divers efforts diplomatiques à réduire les tensions et à stabiliser la situation dans la région du Moyen-Orient en tirant parti de sa solide alliance avec les États-Unis et de ses relations amicales traditionnelles avec les pays du Moyen-Orient. En ce qui concerne également la situation en Afghanistan, le gouvernement japonais poursuivra ses efforts pour stabiliser l’Afghanistan et les pays voisins par le biais de l’aide humanitaire et de pressions sur les talibans, en étroite coopération avec les pays concernés.
Tandis que l’Afrique a connu une croissance remarquable ces dernières années, elle a également été confrontée à de nombreux défis. Au fil du temps, le Japon contribue au développement de l’Afrique par le biais de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui a plus d’un quart de siècle d’existence. Compte tenu des impacts profonds de la COVID-19 sur les sociétés et les économies africaines, la coopération internationale est aujourd’hui plus importante que jamais. À travers la huitième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), dont la tenue est prévue en 2022, le Japon encouragera fortement le développement mené par elle-même de l’Afrique tracera la voie du développement africain dans la perspective de l’ère post-COVID-19.
Le Japon partage des valeurs universelles avec les pays d’Amérique latine, qui sont des partenaires très présents sur la scène internationale. Le Japon coopérera avec ces pays pour maintenir et renforcer l’ordre international libre et ouvert. Compte tenu de l’importance économique de ces pays, notamment de leurs abondantes ressources minérales et alimentaires, le Japon œuvrera pour renforcer les relations dans un large éventail de domaines, en coopérant avec la communauté Nikkei, les descendants d’émigrants japonais.
En outre, alors que l’année 2022 marque le 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec les pays d’Asie centrale et du Caucase, qui aspirent à un développement libre, ouvert et durable, le Japon renforcera encore ses relations avec chacun d’entre eux en tant que partenaire dans le maintien et le renforcement de l’ordre international fondé sur des règles.
(5) Le développement d’un ordre économique libre et équitable
Alors que la COVID-19 continue de provoquer la stagnation et l’incertitude dans l’économie mondiale, celle-ci est confrontée à des défis dans des domaines qui transcendent l’économie et la sécurité, y compris l’expansion accrue du protectionnisme, ainsi que l’émergence de technologies civiles innovantes qui pourraient être converties à des fins militaires, et l’augmentation des actes visant à exploiter les dépendances économiques en vue de garantir leurs propres intérêts stratégiques, etc. Dans ce contexte, le Japon, en tant que porte-drapeau du libre-échange, continue de guider les efforts internationaux visant à étendre l’ordre économique libre et équitable. Dans le même temps, de manière à compléter ces efforts, l’ensemble du gouvernement japonais travaille sur diverses questions économiques et de sécurité. Le Japon contribuera à renforcer de manière proactive, sur la base du droit international, la coopération avec les alliés et les pays partageant les mêmes idées et à façonner des normes pour relever les nouveaux défis.
Le Japon œuvre en faveur du maintien et du renforcement du système commercial multilatéral fondé sur des règles en réponse aux tendances protectionnistes dans le monde. S’agissant de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), avec la demande officielle d’adhésion déposée par la Chine, Taïwan et l’Équateur dans les pas de celle du Royaume-Uni, il est plus important que jamais de maintenir des normes élevées. Le Japon œuvrera également pour garantir la mise en œuvre intégrale de l’Accord de partenariat économique régional global (RCEP), qui est entré en vigueur en janvier 2022. En outre, le Japon jouera un rôle central dans la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pierre angulaire du système commercial multilatéral, et renforcera les initiatives au sein de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le Japon continuera également d’œuvrer activement pour garantir la stabilité de l’approvisionnement des ressources énergétiques et minérales et soutenir l’expansion à l’étranger des entreprises japonaises. En ce qui concerne les restrictions des importations de produits alimentaires japonais, de nombreux pays et régions ont pris des mesures visant à assouplir ou supprimer les barrières commerciales en place, et les États-Unis ont levé toutes les restrictions en septembre. L’ensemble du gouvernement japonais travaillera de concert pour parvenir à une suppression totale de ces restrictions dans tous les pays et régions du monde dès que possible. En outre, le gouvernement poursuivra son engagement et ses efforts pour assurer la réussite de l’Expo 2025 Osaka, Kansai, Japon.
Dans l’ère post-COVID-19, la réalisation d’une « libre circulation des données dans la confiance (DFFT) » est cruciale pour l’utilisation du secteur numérique dont l’importance ne cesse de croître. Le Japon continuera de jouer un rôle central dans l’élaboration des règles internationales, y compris dans les négociations sur des aspects du commerce électronique au sein de l’OMC, en coopération avec les pays concernés et l’OCDE. En outre, face aux menaces croissantes dans le cyberespace, le Japon œuvrera en faveur de la promotion de mesures efficaces contre la cybercriminalité et du renforcement de l’État de droit dans le cyberespace.
En ce qui concerne également le secteur spatial, le Japon encouragera l’élaboration de règles internationales et la coopération internationale pour garantir une utilisation durable et stable de l’espace, en coopération avec les États-Unis et les pays partageant les mêmes idées.
(6) Les mesures prises face aux défis globaux
Les défis globaux (santé internationale, environnement et changement climatique, désarmement et non-prolifération, droits de l’Homme, consolidation de la paix, déchets plastiques marins, conservation de la biodiversité, réfugiés et personnes déplacées, terrorisme, égalité des genres, etc.) ne peuvent être résolus par un seul pays, mais nécessitent une réponse concertée de l’ensemble de la communauté internationale. Le Japon respecte la liberté, la démocratie, les droits de l’Homme et l’État de droit comme des valeurs universelles de la communauté internationale, et continuera d’y contribuer sur la scène internationale, en vertu du principe de la « sécurité humaine », afin de réaliser une société qui tienne compte des individus les plus fragiles et où chacun puisse exprimer son plein potentiel. En outre, le Japon accélérera les initiatives visant à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et à réaliser un « espace Indopacifique libre et ouvert ». Dans ce cadre, le Japon encourage la mise en œuvre des « Principes du G20 pour l’investissement dans les infrastructures de qualité ».
<La santé internationale>
Le domaine de la santé occupe une place très importante dans la réalisation de la sécurité humaine en « protégeant » les individus et en favorisant l’« épanouissement de leurs potentiels ». Le Japon a assuré la promotion de la couverture sanitaire universelle (CSU) avec l’idée de « ne laisser personne de côté en matière de santé ». En décembre, le Japon a accueilli le Sommet sur la Nutrition pour la croissance Tokyo 2021, qui a permis d’orienter les efforts futurs de la communauté internationale pour améliorer la nutrition. Le Japon continuera d’œuvrer en faveur de l’accès équitable aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements, y compris dans les pays en développement, afin d’endiguer la pandémie de COVID-19, tout en renforçant la préparation et la riposte internationales aux futures pandémies, et en contribuant à la réalisation d’une couverture sanitaire universelle plus résiliente, plus équitable et plus durable.
<Le changement climatique>
La lutte contre le changement climatique devient de plus en plus importante en tant que moteur de la reprise à la suite de la crise de la COVID-19 et de la création d’une nouvelle ère de développement. Le Premier ministre Kishida a participé à la 26e Conférence des parties (COP26) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’est tenue au Royaume-Uni à partir du 31 octobre. À cette occasion, il a qualifié la période allant jusqu’à 2030 de « décennie déterminante » et a appelé toutes les parties à prendre des mesures ambitieuses en matière de changement climatique. Sur la base des résultats des négociations de la COP26, le Japon continuera de promouvoir avec force les initiatives visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et de jouer un rôle de premier plan au sein de la communauté internationale pour la réalisation d’une société décarbonée à travers la mise en œuvre régulière de l’Accord de Paris.
<Le désarmement et la non-prolifération>
Étant le seul pays à avoir connu des bombardements atomiques en temps de guerre, le Japon a la responsabilité de diriger les efforts de la communauté internationale pour la réalisation d’un monde sans armes nucléaires. Le Japon fait l’effort de jeter des ponts entre des pays ayant des positions différentes, et a pris une série d’initiatives pratiques et pragmatiques qui tiennent compte également de la sécurité du Japon. Le Japon attache une grande importance au maintien et au renforcement du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la pierre angulaire du régime international de désarmement et de non-prolifération des armes nucléaires. Le Japon contribuera activement aux discussions internationales afin que la 10e Conférence d’examen du TNP, produise des résultats significatifs. En outre, le Japon concentre ses efforts sur les politiques de non-prolifération notamment en maintenant et en renforçant les régimes et les règlements internationaux de non-prolifération, en mettant en œuvre de façon adéquate les mesures de non-prolifération au Japon, et en soutenant la coopération étroite et le renforcement des capacités avec les autres pays.
<Les droits de l’Homme>
La situation des droits de l’Homme dans de nombreuses régions du monde suscite une inquiétude grandissante au niveau international. La protection et la promotion des droits de l’Homme sont la pierre angulaire de la paix et de la stabilité au sein de la communauté internationale, et la défense des droits de l’Homme en tant que valeur universelle est la responsabilité fondamentale de tous les États, quel que soit leur mode de réalisation ou leur système politique. Le Japon s’élève fermement contre les graves violations des droits de l’Homme, et, dans le même temps, encourage cette initiative des pays qui font des efforts, par le dialogue et la coopération. Le Japon promouvra sa propre diplomatie des droits de l’Homme tout en mettant à profit ses nombreuses contributions dans ce domaine et en tenant compte de la situation internationale actuelle.
<Le renforcement de la coopération avec les Nations unies et les organisations internationales et la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies>
Le Japon a joué un rôle majeur dans le maintien de la paix et de la sécurité au sein de la communauté internationale par sa contribution à travers les opérations de maintien de la paix des Nations unies (Casques bleus) et en siégeant 11 fois au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre non permanent, soit le pays ayant siégé le plus grand nombre de fois en tant que membre non permanent. Aujourd’hui, plus de 75 ans après leur création, il est urgent de rendre les Nations unies, y compris le Conseil de sécurité, mieux adaptées, plus efficaces et efficientes pour le 21e siècle, et le Japon s’efforcera d’engager des négociations concrètes pour réaliser la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. En particulier, la situation de l’agression de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a montré que le Conseil de sécurité des Nations unies ne peut pas remplir de manière adéquate les fonctions requises par la communauté internationale aujourd’hui. En outre, le Japon cherche à remporter l’élection des États membres non permanents au Conseil de sécurité des Nations unies en 2022. De plus, en vue de répondre à différentes problématiques dont se saisissent les organisations internationales telles que les Nations unies, outre les contributions politiques, les contributions sous forme de cotisations et de subventions, le Japon apporte une contribution humaine au sens large, et s’efforce d’augmenter le nombre des membres de personnel japonais et de favoriser leur promotion aux postes de cadre.
(7) Le renforcement de la diplomatie globale
Afin d’exercer une diplomatie réactive, équilibrée et stable dans les domaines clés décrits ci-dessus, il est également important de renforcer le système de mise en œuvre de la diplomatie, y compris la structure des ressources humaines, l’infrastructure financière, et la promotion de la transformation numérique (DX). En outre, alors que l’impact de la COVID-19 se poursuit, le Japon continuera de déployer tous les efforts nécessaires pour assurer les mesures de contrôle aux frontières et la sécurité des ressortissants japonais résidant à l’étranger. Dans le même temps, le Japon développera vigoureusement une communication externe stratégique afin d’obtenir la compréhension et le soutien de la communauté internationale s’agissant de ses politiques, initiatives et positions, et s’efforcera d’encourager la japonophilie, de consolider le cercle personnes ayant une grande affinité ou une grande connaissance du Japon, et de renforcer la coopération avec la communauté Nikkei.
L’année 2023 marquera le 30e anniversaire du lancement par le Japon de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) en 1993 (Note 1). À l’approche de la huitième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), prévue en 2022, nous revenons sur l’évolution de la TICAD jusqu’à aujourd’hui.
La TICAD est une conférence internationale initiée par le Japon en 1993 dans le but de raviver l’intérêt pour l’Afrique et défendre l’importance d’apporter une aide à l’Afrique dans un contexte de désintérêt de la communauté internationale à l’égard du soutien à l’Afrique après la fin de la guerre froide. Cette conférence faisait figure d’initiative pionnière au sein de la communauté internationale en tant que forum sur le développement de l’Afrique. La première édition a souligné l’importance de faire valoir les enseignements tirés de la belle réussite du développement économique de l’Asie et de les appliquer au développement de l’Afrique.
La TICAD II (deuxième édition) s’est tenue en 1998 sur le thème « Réduction de la pauvreté et intégration de l’Afrique à l’économie mondiale ». En outre, cette édition a permis d’annoncer clairement les principes fondamentaux de la TICAD, à savoir l’« appropriation » par elle-même de l’Afrique et le « partenariat » au sein de la communauté internationale. Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon s’est lui-même développé avec le soutien de la communauté internationale tout en conservant son autonomie, et ces principes reflètent l’application de l’expérience japonaise d’après-guerre au développement de l’Afrique. Aujourd’hui, ils sont largement partagés au sein de la communauté internationale et s’enracinent au sein des pays africains.
La TICAD III (troisième édition) s’est tenue en 2003 dans un climat d’appropriation croissante des pays africains pour la promotion du développement, avec notamment l’adoption du « Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) » en 2001 et la naissance de l’Union africaine (UA) en 2002. Reconnaissant que « le monde du 21e siècle ne connaîtra la stabilité et la prospérité que si les problèmes de l’Afrique sont résolus »,le Japon a tenu des discussions visant à mobiliser la sagesse et l’expérience de la communauté internationale en faveur de l’Afrique.

La TICAD IV (quatrième édition) s’est tenue en 2008 sur le thème « Vers une Afrique qui gagne : un continent d’espoir et d’opportunités ». Les discussions lors de cette conférence se sont focalisées sur les questions prioritaires que sont l’accélération de la croissance économique, l’établissement de la sécurité humaine et la résolution des problèmes liés à l’environnement et au changement climatique. Le Japon a annoncé qu’il doublerait son APD et ses investissements privés en Afrique, et a réaffirmé l’importance du mécanisme de suivi, qui demeure l’une des caractéristiques de la TICAD à ce jour.

La TICAD V (cinquième édition) s’est tenue en 2013 sur le thème « Main dans la main avec une Afrique plus dynamique » et a mis l’accent à travers les discussions sur la stimulation de la croissance économique de l’Afrique. En outre, compte tenu de l’importance de la formation des ressources humaines dans l’industrie en Afrique, l’initiative ABE (Note 2) a été lancée à l’occasion de cette édition.
La TICAD VI (sixième édition) s’est tenue au Kenya en 2016 pour la première fois en Afrique. Lors de cette conférence, le Japon a annoncé qu’il investirait dans l’avenir de l’Afrique en déployant des efforts tels que le développement d’infrastructures de qualité à hauteur de 30 milliards USD entre les secteurs public et privé combinés, la promotion de systèmes de santé résilients et la mise en place des fondements pour la paix et la stabilité.
La TICAD 7 s’est tenue en 2019 sur le thème « Faire progresser le développement de l’Afrique à travers les personnes, la technologie et l’innovation », et les discussions étaient organisées sur la base des trois piliers que sont l’économie, la société, ainsi que la paix et la stabilité. La promotion des entreprises a notamment été placée au centre des discussions, et cette édition a été l’occasion d’affirmer l’importance d’injecter plus d’investissements privés en Afrique que jamais auparavant. Le nombre d’entreprises japonaises s’implantant sur le marché africain a presque doublé au cours de la dernière décennie, passant de 520 à 910 entreprises.
Depuis le lancement de la TICAD, le Japon s’est efforcé de stimuler l’intérêt de la communauté internationale pour le développement de l’Afrique. Aujourd’hui, le potentiel de l’Afrique en tant que « dernière frontière du 21e siècle » suscite une attention sans précédent de la part de la communauté internationale. Il est également important pour le Japon d’approfondir sa coopération avec l’Afrique par le biais de la TICAD.
Alors que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les divers défis de développement auxquels l’Afrique est confrontée, par le biais de la TICAD 8, le Japon entend donner une forte impulsion au développement mené par l’Afrique et fixer le cap du développement africain dans la perspective de l’ère post-COVID.
- (Note 1) : TICAD : Tokyo International Conference on African Development
- (Note 2) : Initiative ABE (African Business Education Initiative for Youth ou Initiative d’éducation dans le secteur des affaires en faveur des jeunes) : programme d’accueil de jeunes hommes et femmes africains au Japon, qui leur offre l’opportunité d’obtenir un diplôme de Master dans une université japonaise et de faire un stage en entreprise. Elle joue un rôle important en tant que pont entre le Japon et l’Afrique.