Chapitre 2 Section 7 Afrique du Nord Situation en Afrique du Nord (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc) (1) Égypte Située au carrefour géopolitique du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Europe et forte d’une population de plus de 110 millions d’habitants, l’Égypte est une puissance régionale pour le Moyen-Orient et pour l’Afrique du Nord. Après l’attaque terroriste perpétrée le 7 octobre 2023 par le Hamas et d’autres groupes, l’Égypte a joué un rôle majeur en faveur de la stabilité régionale. En facilitant l’évacuation de ressortissants étrangers et d’autres personnes de la bande de Gaza, accueillant des blessés et des malades, réceptionnant et acheminant l’aide humanitaire fournie par la communauté internationale et entreprenant avec le Qatar et les États-Unis une médiation entre Israël et le Hamas, l’Égypte a pris l’initiative dans les discussions sur l’apaisement des tensions, la prévention de l’instabilité dans l’ensemble de la région et l’urgence d’ameliorér la situation humanitaire. Le Président Abdel Fattah AL-SISSI a prêté serment pour un troisième mandat le 2 avril 2024, garantissant de la stabilité dans la gestion du gouvernement. En juin, le Premier ministre Mostafa MADBOULI a été reconduit dans ses fonctions et un nouveau cabinet composé pour plus de la moitié de nouveaux ministres a été formé en juillet. Concernant les relations avec le Japon : le ministre des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Expatriés Badr Ahmed Mohamed ABDEL ATTY s’est rendu au Japon peu après sa nomination en juillet pour participer à la réunion ministérielle de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Il a saisi l’occasion d’une visite de courtoisie au Premier ministre KISHIDA Fumio pour lui remettre une lettre du Président Abdel Fattah AL-SISSI et a eu deux entretiens avec la ministre des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko, au cours desquels ils ont échangé leurs vues sur les relations bilatérales ainsi que sur les situations régionales et internationale, réaffirmant leur volonté de coopération étroite. En septembre 2024, une réunion trilatérale des chefs de la diplomatie du Japon, de l’Égypte et de la Jordanie s’est tenue à New York pour discuter de la situation au Moyen-Orient et dans la bande de Gaza notamment. En réponse aux tensions croissantes au Moyen-Orient et notamment à Gaza et au Liban, la ministre des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko s’est entretenue par téléphone avec le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh SHOUKRY le 4 avril 2024, tout comme IWAYA Takeshi, son successeur, de la même manière, avec son homologue égyptien Badr Ahmed Mohamed ABDEL ATTY le 16 octobre 2024. La ministre japonaise des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko, avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Expatriés, Badr Ahmed Mohamed ABDEL ATTY (le 23 août, Tokyo) Concernant les relations entre le Japon et la Ligue arabe, dont le siège est au Caire : le secrétaire général Ahmed ABOUL GHEIT a été invité au Japon en juillet 2024 à l’occasion du 5ème Forum économique arabo-japonais, un forum coorganisé par le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie du Japon et la Ligue arabe et qui consiste en une réunion des ministres chargés des relations économiques des pays membres et une conférence économique réunissant les secteurs public et privé. C’était la première réunion de ce forum en 11 ans. Il a également pu s’entretenir avec la ministre des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko au sujet notamment des relations de coopération entre le Japon et la Ligue arabe. La Force multinationale d’observateurs au Sinaï (FMO), dont la mission principale est la surveillance et le maintien du cessez-le-feu entre l’Égypte et Israël poursuit sa mission d’autant plus cruciale que la situation régionale est critique, en particulier à Gaza. En plus de son soutien financier, le Japon a commencé à contribuer à la FMO en envoyant des membres des Forces d’autodéfense en avril 2019. Actuellement, quatre officiers sont détachés au sein de l’état-major, témoignant de l’engagement continu du Japon en faveur de la paix et de la stabilité régionales. (2) Libye La Libye est une grande puissance énergétique : elle possède les plus grandes réserves de pétrole d’Afrique. Le pays reste cependant en proie à l’instabilité depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, confronté à un conflit persistant entre les forces politiques de l’est et de l’ouest. En avril 2019, le maréchal Khalifa HAFTAR, homme fort de l’est du pays et commandant en chef de l’Armée nationale libyenne (ANL) avait ordonné à ses forces de marcher sur la capitale Tripoli, menant à un conflit armé. Depuis la conclusion d’un accord de cessez-le-feu permanent entre les deux camps en octobre 2020, les affrontements armés entre les forces politiques de l’est et de l’ouest ont considérablement diminué, favorisant une reprise de l’économie. En septembre 2023, des inondations ont cependant causé d’importants dégâts, principalement à Derna dans l’est du pays, incitant le Japon et d’autres nations à intervenir rapidement avec une aide humanitaire. Sur le plan politique, un accord de principe conclu au Forum de dialogue politique libyen (FDPL) sous le patronage de l’Organisation des Nations unies (ONU) prévoyait la tenue d’élections nationales et notamment d’une élection présidentielle le 24 décembre 2021. Ces échéances ont cependant été reportées sine die. À la fin de l’année 2024 elles n’ont toujours pas été organisées. Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye Abdoulaye BATHILY avait pourtant lancé une initiative en vue de la tenue d’élections avant la fin de l’année en février 2023. Les efforts sous l’égide de l’ONU se sont poursuivis ensuite mais en avril 2024 le Représentant spécial a démissionné, estimant qu’il n’y avait pas de perspective de paix. Sa succession est toujours attendue. En janvier 2024, donnant suite au sommet entre les dirigeants du Japon et de la Libye tenu en marge de la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8) en août 2022, le Japon a rouvert les locaux de son ambassade à Tripoli - une première depuis leur fermeture temporaire en juillet 2014 - marquant ainsi une reprise des échanges de haut niveau. Au même moment, le vice-président du Conseil présidentiel Abdullah ALLAFI a effectué une visite au Japon. Au cours de celle-ci, il s’est entretenu avec le secrétaire général du Cabinet HAYASHI Yoshimasa, et avec la ministre des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko. Les parties ont convenu de travailler à la revitalisation des relations bilatérales et ont échangé sur des modalités concrètes de coopération dans des domaines tels que l’économie, les affaires et la formation des ressources humaines. En avril, le vice-ministre parlementaire des Affaires étrangères FUKASAWA Yoichi s’est rendu en Libye où il a effectué une visite de courtoisie auprès du vice-président du Conseil présidentiel Abdullah ALLAFI, et a tenu des consultations politiques nippo-libyennes avec le ministre par intérim des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Taher AL-BAOUR. Cette visite a marqué la première visite d’un haut responsable politique japonais en Libye depuis environ douze ans. Lors de la réunion ministérielle de la TICAD qui s’est tenue en août 2024, la ministre des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko a eu un entretien avec le ministre par intérim des Affaires étrangères Taher AL-BAOUR. Ils y ont réaffirmé l’importance de renforcer davantage les relations nippo-libyennes. (3) Pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc) Située au carrefour stratégique de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique et forte d’une importante main-d’œuvre jeune et pleine de potentiel, la région du Maghreb revêt une grande importance économique en Afrique. La pauvreté croissante, les disparités régionales, les taux de chômage élevés et les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires continuent cependant de représenter des défis que l’Algérie, le Maroc et la Tunisie relèvent avec difficulté. Le trafic d’armes et les flux d’immigration illégale en provenance de la Libye et de la région du Sahel constituent par ailleurs une source d’inquiétude croissante en termes de sécurité. En Tunisie, un important remaniement ministériel a eu lieu en août à la suite de la nomination de Kamel MADOURI au poste de Premier ministre. En octobre, le Président en poste Kaïs SAÏED a été reconduit dans ses fonctions à l’issue de l’élection présidentielle. Sur le plan économique et financier, bien qu’une reprise du tourisme, secteur clé de l’économie soit visible depuis l’été 2023, l’attention se porte sur la capacité à mettre en œuvre des réformes structurelles pour résoudre des problèmes persistants tels que le déficit commercial, le déficit budgétaire, le chômage élevé ou la faible croissance. En février, le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères Mounir Ben RJIBA s’est rendu au Japon où il a rencontré le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères TSUGE Yoshifumi ainsi que d’autres responsables. Ils ont convenu de renforcer davantage les relations économiques bilatérales ainsi que les échanges humains et culturels, en tirant parti notamment des occasions offertes par l’Expo 2025 Osaka-Kansai. En mai, le vice-ministre parlementaire des Affaires étrangères FUKASAWA Yoichi s’est rendu en Tunisie pour effectuer une visite de courtoisie auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger Nabil AMMAR. En Algérie, le Président Abdelmadjid TEBBOUNE qui a pris ses fonctions en décembre 2019 a lancé des réformes politiques conformément à son projet de créer une « nouvelle Algérie ». Il a notamment fait modifier la loi sur l’investissement en 2022. Il a été reconduit dans ses fonctions à l’issue de l’élection présidentielle en septembre 2024. Ce second mandat soutenu par un pouvoir consolidé devrait être marqué par un engagement accru dans les politiques économiques et sociales, l’objectif déclaré étant de devenir la deuxième puissance économique du continent africain. En ce qui concerne les relations avec le Japon, la convention fiscale entre le Japon et l’Algérie est entrée en vigueur en janvier 2024, suivie en avril par l’accord sur la mise en place d’une commission économique conjointe, ce qui laisse entrevoir un renforcement des relations économiques bilatérales. En juillet, le président-directeur général de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach Rachid HACHICHI s’est rendu au Japon pour participer au Forum économique arabo-japonais. En août, le ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-ups et des Micro-entreprises Yacine El-Mahdi OUALID a à son tour visité le Japon, pour assister à la réunion ministérielle de la TICAD. Lors de leur visite au Japon, les deux responsables ont eu des entretiens avec le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères TSUJI Kiyoto, ainsi que des échanges de vues avec l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et avec des entreprises privées. Outre la coopération déjà bien développée dans le secteur du pétrole et du gaz naturel, un renforcement des relations économiques entre les deux pays est désormais attendu dans un large éventail de domaines, dont celui des énergies renouvelables et du start-up. En 2024, l’Algérie a été le seul État arabe membre non permanent du Conseil de sécurité. À ce titre, elle a siégé aux côtés du Japon et engagé un dialogue soutenu avec ce dernier en vue de renforcer leur coordination dans les enceintes multilatérales. Les relations entre le Japon et l’Algérie se renforcent dans un large éventail de secteurs en outre du volet diplomatique, comme en témoignent notamment l’organisation par l’ambassade du Japon en Algérie d’un concours de manga nippo-algérien au Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA) ou la participation d’une mission d’experts de la JICA à la Conférence africaine du start-up. Au Maroc, un remaniement ministériel a eu lieu en octobre et le deuxième gouvernement d’Aziz AKHANNOUCH a été formé. Ces dernières années, le Maroc fait face à une pénurie de ressources en eau de plus en plus critique. Dans son discours en juillet, le roi Mohammed VI a insisté sur l’urgence de mettre en place des mesures adéquates. Le Maroc intensifie par ailleurs ses efforts tant dans l’introduction des énergies renouvelables que dans le développement des infrastructures nécessaires à l’organisation de la Coupe du monde de football de 2030. En octobre, à l’invitation du roi Mohammed VI le Président français Emmanuel MACRON a effectué une visite d’État au Maroc. À cette occasion, les deux parties ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur coopération économique bilatérale pour parvenir à la décarbonation et à l’établissement de chaînes de valeur à travers le développement d’infrastructures et la mise en place de pôles industriels conjoints au Maroc. Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger Nasser BOURITA s’est rendu au Japon en mai afin de s’entretenir avec son homologue japonaise la ministre des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko lors d’une réunion et d’un dîner de travail. À cette occasion, un mémorandum de coopération en vue d’un partenariat renforcé entre les deux pays a été signé. En septembre, un échange de notes et un accord de prêt d’un montant de 27,76 milliards de yens ont été signés pour financer le Programme de politique de développement visant à atteindre la couverture sanitaire universelle (CSU). En novembre, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’évaluation des Politiques publiques Karim ZIDANE a effectué une visite au Japon. Lors d’une réunion avec le ministre japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie MUTO Yoji, les deux hommes ont discuté du développement des relations économiques bilatérales et signé un mémorandum de coopération destiné à encourager les investissements et les échanges commerciaux. La ministre japonaise des Affaires étrangères KAMIKAWA Yoko serrant la main du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger Nasser BOURITA, après la signature d’un mémorandum de coopération (le 31 mai, Tokyo)